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Lundi 24 août 2009

L'Equipe Magazine  - n° 1 349 / page 1

Le FC Nantes et le cas Kita

A l'heure où le FC Nantes fête son retour en Ligue 1, gros plan sur l'homme qui a racheté le club en août dernier, Waldemar Kita. Un patron aux méthodes musclées dont le passé sème le doute.

Avec Waldemar Kita, tout commence par un sourire. Puis son regard bleu clair vous transperce et il laisse le charme agir. Son accent suave, son teint hâlé, sa pochette assortie à la cravate, son peigne rangé dans la poche de son veston... Tout est réuni pour apprivoiser l'interlocuteur. Mais le rapport de force n'est jamais très loin. Heureusement, en ce premier lundi de mai, Pascal Praud, directeur général délégué du FC Nantes et ancien journaliste, est à son côté pour arrondir les angles. Et s'offusquer, si besoin. Car Praud sait combien Kita, ce Franco-Polonais de 54 ans, déteste subir. Que ce soit dans ses affaires, quand il dirigeait son groupe d'ophtalmologie Cornéal (revendu en janvier 2007 à l'américain Allergan pour 170 millions d'euros), ou à la tête du FC Nantes, qu'il a acheté le 2 août 2007 au groupe Dassault. Un club qu'il vient de ramener en Ligue 1. Dans pareille situation, Kita devrait célébré par ses salariés, par les supporters jaune et vert, par les pouvoirs publics locaux et la petite famille du foot. Or, à peine dix mois après sa prise de pouvoir, l'homme divise. La méthode Kita jette le doute sur ses intentions. Qu'est-il venu chercher au FC Nantes ? « J'espère que Nantes n'aura pas la mauvaise expérience que Lausanne a connue avec lui. » souffle Jean-François Kurz, ex-associé de Kita à Lausanne. Car Kita n'en est pas à son coup d'essai dans le football. Avant de mettre le grappin sur le FCN, il a d'abord exercé le pouvoir en Suisse, au Lausanne Sports, de 1998 à 2001. Le club vaudois a été dissous après son départ.

Ce passé inquiète à Nantes.  Il y a dix ans,  il avait tenté une première fois de racheter le club. Jean-Marc Ayrault,

déjà maire de la ville, l'avait sèchement rembarré. Pour cause de surface financière insuffisante. Pas rancunier, Kita est donc revenu à la charge, en juillet dernier, après avoir approché le Paris FC en 1997, l'OGC Nice en 2001 - et même le PSG il y a deux ans ! Il s'adjuge le FCN pour moins de 10 millions d'euros, une somme très raisonnable pour un monument du foot français capable de rassembler plus de 20 000 spectateurs en moyenne en L2. Et s'offre un club qui n'a jamais intéressé Dassault.

Si l'on reprochait à l'ancien propriétaire de Nantes son absentéisme, c'est tout le contraire avec Kita. Depuis dix mois, l'homme d'affaires Franco-Polonais agit tous azimuts. « Waldemar est un président actif, assume Praud. Il entre dans tous les dossiers. », y compris le sacro-saint domaine technique, dont les entraîneurs nantais ont toujours eu le monopole. « 'Pour moi, l'entraîneur est un cadre supérieur comme un autre, lance Kita à la presse, mi-mars. L'entraîneur doit faire comme on lui dit ! » Kita participe au recrutement des pros et des espoirs. Quand Christian Larièpe, le directeur technique, supervise Liedson, l'attaquant brésilien du Sporting Portugal, à Lisbonne, Kita est assis à son côté, en tribune. Kita ne s'interdit rien. Pressé de poser sa griffe au FCN, le président change le logo, met à la disposition de son équipe un bus aux couleurs du club et de nouveaux costumes, lance une chaîne de télé sur Internet, fait installer des sièges en cuir à 1 500 euros pièce sur les bancs de touche de la Beaujoire. A la Jonelière, le camp de base nantais, Kita procède au réaménagement de plusieurs bureaux. Ornés de bois précieux, les murs du sien accueillent trois écrans plats derniers cris... Ces dépenses finissent par agacer.  Par Raphaël Raymond et Jérôme Cazadieu (L'Equipe Magazine)

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